Liste livres 2019-2020

Cercle de lecture 2019-2020

  • Patrick Deville, Peste & choléra, 2012, Poche

Louis Pasteur expérimente avec succès le vaccin contre la rage. Il chargera plus tard ses élèves de prolonger ses recherches à travers le monde. Les jeunes « pasteuriens » partent pour de longs périples. Parmi eux, Alexandre Yersin part très vite en Indochine. Il y multiplie les observations épidémiologiques mais aussi bien géographiques, astronomiques ou météorologiques. La science l’absorbe, il n’aura ni femme ni enfant. Parfois il revient en Europe, mais c’est le plus souvent de loin, à la radio ou par les journaux, qu’il reçoit l’écho des conflits mondiaux et de leurs atrocités. Il meurt en 1943, conscient, mais pas tout à fait amer, que son nom n’aura pas la même gloire posthume que son maître, Louis Pasteur. C’est cette aventure scientifique et humaine que raconte Deville en croisant les périodes et les personnages autour de la figure de Yersin.

 

  • Annie Ernaux, Mémoire de fille, 2016, Collection Folio

Annie Duchesne a 18 ans en 1958, l’année du retour du général De Gaulle et des événements d’Algérie. Une année où Annie a passé l’été comme monitrice de colo. Cet été-là, elle goûte pour la première fois à la liberté, loin de l’épicerie familiale d’Yvetot qu’elle n’avait jamais quittée. Première expérience professionnelle, première nuit avec un homme, première découverte de la sexualité, première désillusion amoureuse. Dans ce livre, elle alterne le « je » d’aujourd’hui et le « elle » d’hier. Elle observe cette « fille de 58 » avec distance, sans jugement, sans explication, s’appliquant à restituer le plus fidèlement possible les sensations physiques et les questionnements d’une jeune fille de l’époque. Une jeune fille en construction, un peu perdue, dont elle va commencer à faire « un être littéraire, quelqu’un qui vit les choses comme si elles devaient être écrites un jour ».

 

  •  Édouard Louis, Qui a tué mon père, 2018, Seuil

L’auteur s’adresse à son père qui, âgé d’à peine plus de cinquante ans, est quasiment invalide :     

« Tu appartiens à cette catégorie d’humains à qui la politique réserve une mort précoce. »

L’auteur se remémore certains souvenirs d’enfance ou d’adolescence et les réactions de son père qu’il tente de comprendre et d’analyser. Il s’aperçoit que la violence que montrait parfois son père exprimait souvent de la colère sociale et cachait l’amour qu’il avait pour son fils. Cet   homme aurait voulu avoir une autre vie mais il n’a pu échapper au travail de l’usine où il est victime d’un accident du travail. Les douleurs ne vont plus le quitter. Pour ne pas perdre son droit aux aides sociales, il a dû accepter un travail de balayeur, toujours penché alors que son dos était détruit. Édouard Louis passe en revue les différents présidents de la République et leurs ministres qui, par leurs lois, ont tué des travailleurs comme son père.

 

  • Marie Sizun, La Gouvernante suédoise, 2016, Collection Folio

Quel rôle joue Livia, la gouvernante suédoise engagée par Léonard, négociant français à Stockholm à la fin du XIXe siècle, pour aider sa jeune femme, Hulda, dans l’éducation de leurs quatre enfants ? Il semble que Livia soit bien plus qu’une domestique, les enfants l’adorent, trouvant auprès d’elle une stabilité qui manque à leur mère, le maître de maison dissimule autant qu’il peut leur complicité, et Hulda, l’épouse aimante, en fait peu à peu une amie, sa seule confidente. Dans ce récit, Marie Sizun brosse le portrait de ses ancêtres franco-suédois, s’approchant au plus près du mystère qui les entoure.

 

  •  Delphine de Vigan, Les gratitudes, 2019, JC Lattès

Les Gratitudes traite la vieillesse et, la façon souvent indigne dont notre société obsédée de rentabilité traite les personnes âgées. Cela, à travers le destin de Michka, une vieille femme à qui les mots et le langage peu à peu échappent. C’est la vie même qui s’enfuit, l’effroi qui s’installe dans les pensées décousues, bientôt le corps qui s’affaisse et se défait. Il reste pourtant à Michka un acte important à accomplir, un « merci » à prononcer (ou à écrire), qui n’est pas de ces remerciements de politesse qu’on prononce chaque jour, mais l’expression d’une vraie, profonde reconnaissance. Autour d’elle, dialoguent avec elle en dépit de tous ses mots manquants, deux autres personnages : Marie, dont Michka s’est souvent occupée lorsqu’elle était enfant et délaissée par sa propre mère, et Jérôme, l’orthophoniste, qui tente de retarder la chute de Michka dans le silence — et la mort. Des liens d’affection, de compassion et de gratitude mêlées qui les relient tous les trois.